Réévaluation du projet de rénovation du CEPV

Lettre ouverte, 

à l’attention de la Conseillère d’État en charge du département du patrimoine, Madame Isabelle Moret, à l’attention du Conseiller d’État en charge du département de l’enseignement et de la formation professionnelle, Monsieur Frédéric Borloz, à l’attention du Conseiller d’État en charge du département de l’environnement, Monsieur Vassilis Venizelos. à l’attention des responsables des projets de rénovations immobiliers de l’État de Vaud, dans leur titre et fonction, à qui de droit.

   Copie aux médias suisse romands.   

CAS D’ÉCOLE

   La crise climatique est sur toutes les lèvres, dans tous les médias, et s’est invitée, cet été, jusque dans nos thermomètres suisses, d’habitude si tempérés.

   Avant d’être des enseignant·e·s, des étudiant·e·s et usager·ère·s, nous sommes des citoyen·ne·s et contribuables, concerné·e·s par le trouble climatique et les moyens d’actions connus pour l’apaiser. Nous souhaitons interroger le processus et les finalités de la rénovation du bâtiment du CEPV dont nous avons découvert le programme à la rentrée, lors d’une séance d’information présentant les modifications et mesures énergétiques suivantes : isolation par l’intérieur, rénovation des sanitaires et des cages techniques, installation photovoltaïque, etc.

   Le Centre d’Enseignement Professionnel de Vevey (CEPV), qui héberge une école des arts appliqués, propriété du canton de Vaud, fête ses 53 ans et se voit offrir une rénovation énergétique et technique. Il était temps, l’intérieur est un musée vivant qui accueille jusqu’à 500 élèves et 120 enseignant·e·s. Ce bâtiment brutaliste, achevé en 1970, jouit d’un emplacement de choix en bordure d’un somptueux parc lacustre, au bord de la Veveyse. Un objet d’architecture en béton martelé classé au patrimoine, en note 2, notamment en raison de ses façades.

   Par cette lettre ouverte, nous souhaitons exposer les conséquences d’une rénovation contrainte par l’impossibilité d’altérer les façades, impliquant une isolation par l’intérieur, qui révèle les déficiences suivantes :    

Isolation thermique moindre : Si le but principal de cette rénovation est une meilleure efficience énergétique, l’isolation par l’intérieur, en ne couvrant pas les nez de dalle et en étant très morcelée, offre une isolation moindre qu’une isolation par l’extérieur.

Retranchement de surfaces utiles : Un empiètement de la nouvelle couche d’isolation d’une épaisseur de 25 cm directement sur les surfaces des classes et des salles correspond à un total d’environ 150 m² de surfaces utiles retranchées, soit la surface de 3 salles de classes de 50 m². À l’heure de l’accroissement des populations d’étudiant·e·s, la volonté de l’administration ne devrait-elle pas leur accorder une surface plus importante ?

Dysfonctionnement de l’école durant les travaux : Une isolation par l’intérieur nécessite des travaux dans toutes les classes, étalés sur des années, avec des rocades de sections entières et la lourde tâche pour la direction de trouver des locaux à louer pour assurer un enseignement délocalisé. Une isolation extérieure permettrait vraisemblablement de raccourcir la durée des travaux et le maintien total ou partiel des enseignements dans les classes. La qualité du cursus de plusieurs volées d’étudiant·e·s dépend de ce choix.

Absence de protection solaire (filtres UV, système de stores ou de claustra extérieur) : Un système de brise soleil ou une double-peau est la seule possibilité pouvant empêcher la chaleur d’entrer dans le bâtiment par ses immenses bandeaux vitrés, on parle ici de 2, 3, 4 degrés de moins qui pourraient être assurés à l’intérieur des locaux ; un monde quand il fait chaud ! À l’heure où l’on doit trouver des surfaces pour les panneaux solaires, végétaliser ou ventiler, ces façades n’offriront que des surfaces stériles renvoyant la chaleur alentour.

Gestion des coûts : Une isolation par l’intérieur implique selon notre compréhension : un allongement de la durée des travaux, un prix vraisemblablement supérieur des travaux puisque l’isolation par l’intérieur impose des contraintes techniques plus nombreuses, une efficience énergétique moindre entrainant des coûts d’exploitation plus élevés, la délocalisation conséquente des cours et des classes dont les coûts locatifs sont à la charge des budgets de rénovation.  

   Nous sommes des usager·ère·s, de simples citoyen·ne·s et nous ne comprenons pas l’équation qui est appliquée ici par l’État, pourtant au bénéfice de processus de construction et d’optimisation énergétiques prétendument vertueux. Devons-nous comprendre que la préservation des façades a plus de valeur que ceux qui vivent derrière ?  

  Une médiation avec les architectes et les personnes responsables du pilotage de ce projet au canton a été sollicitée par la direction sous l’impulsion d’un groupe d’enseignant·e·s. Cette séance a été annulée sans motif par les autorités cantonales peu de temps avant sa tenue.  

    Nous ne sommes pas des politicien·ne·s, qui ont la lourde tâche de gérer des budgets, ni des expert·e·s de l’énergie qui savent mieux que quiconque quelles mesures appliquer pour tenir les objectifs, ni des architectes contraint·e·s par les règles de constructions, ni des expert·e·s du patrimoine bâti qui des profondeurs de l’histoire savent protéger ce qui compte et empêcher que notre culture ne soit lissée par le temps. Et pourtant, c’est bien du temps dont il s’agit : celui que l’on va passer dans cette école, celui qu’il fera dans une décennie lorsque l’on pourra juger de cette rénovation, si elle aura été adaptée ou trop…conservatrice.  

    Cette lettre ouverte demande la réévaluation de ce projet par les experts·e·s et décisionnaires concerné·e·s. Que soit reposée la question des priorités au jour des événements présents, et du futur prévisible. Nous demandons plus particulièrement aux politiques en charge d’assurer une nouvelle pesée d’intérêts entre le patrimoine, l’écologie et les besoins de la société actuelle.

  Nous avons titré cette lettre « cas d’école », car c’en est un ! Au-delà du confort physique d’une poignée de fonctionnaires et d’étudiant·e·s, de citoyen·ne·s concerné·e·s, cette problématique n’est pas celle du CEPV uniquement, mais celle de l’ensemble du corps bâti qui doit faire sa transition énergétique. Nous pensons que ces questions doivent être mieux débattues sur le plan politique. Les éléments qui font actuellement autorité sont-ils financièrement, pratiquement et culturellement profitables sur le long terme ?  La politique de rénovation énergétique du canton de Vaud et de ses biens est-elle assez audacieuse ? Ne serait-ce pas le moment de rediscuter l’ordre des priorités ? Ou devons-nous accepter la fatalité d’un processus perpétuellement en retard sur son temps ?

 

                                          Liste des signataires en annexe 

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