Non au tir du loup de la vallée de Conches

Le conseiller d'Etat Jacques Melly a ordonné le tir du loup de la vallée de Conches (VS). Le WWF regrette cette décision.

 

Avec plus de 25 moutons tués en un mois sur les alpages de la région, les conditions pour l'abattre sont réunies selon le Concept Loup Suisse, a indiqué jeudi le canton.

Le loup peut être tiré dès vendredi et durant soixante jours dans la zone des alpages non protégeables. Il pourra également être abattu sur des surfaces agricoles utiles (SAU), là où les moutons séjournent après la désalpe, mais cela sous condition.

«Il faut que l'attaque ait lieu durant les soixante jours et que le troupeau en question soit correctement protégé par une clôture électrique», explique Peter Scheibler, chef du service valaisan de la chasse. De telles attaques se sont déjà produites l'automne et le printemps derniers.

Les SAU en question

La commission intercantonale (CIC), dans laquelle siègent des représentants du Service valaisan de la chasse et de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), s'est réunie le 23 août et a délivré un préavis positif pour le tir du loup dans les alpages non protégeables. Elle n'est en revanche pas parvenue à un accord unanime concernant l'autorisation de tir dans les SAU.

Si le préavis de la CIC est obligatoire, Jacques Melly décide seul au final d'une autorisation de tir et du périmètre concerné. Pour les SAU, «les éleveurs ont été informés par le service de l'agriculture de la nécessité de protéger les troupeaux par des clôtures électriques», souligne le canton.

Personnes assermentées

Le loup ne pourra pas être abattu par n'importe quel chasseur. Seuls des gardes-chasses professionnels et auxiliaires assermentés pourront s'en charger.

«Mais il ne faut pas imaginer une troupe de gens armés jusqu'aux dents. Cela ne se passe pas du tout comme ça», relève le chef du Service valaisan de la chasse. Le dispositif évoluera de jour en jour selon les observations et devrait impliquer entre deux et une dizaine de personnes.

Le WWF regrette

Le WWF regrette la décision de tirer un loup. «Nous avons assez d'exemples en Valais qui prouvent que ce n'est pas une solution, d'autant plus que l'on n'aura pas la certitude que l'animal abattu est bien le responsable des attaques», relève Pierrette Rey, porte-parole de l'organisation pour la Suisse romande.

Le WWF, comme d'autres organisations de protection de la nature, prône plutôt de meilleures mesures pour protéger les troupeaux. Il s'agirait notamment de ne pas laisser des bêtes dans des zones non protégeables mais de les déplacer sur un alpage où une surveillance est possible.

«Mais de toute façon, le risque zéro n'existe pas. Durant une saison, des moutons dérochent, sont tués par la foudre ou mangés par un loup. Il faut compter avec ces phénomènes naturels», note Pierrette Rey.

M35 et M38

Selon le canton du Valais, plusieurs attaques de loups ont été constatées ce printemps sur les pâturages de la vallée de Conches. «Un ou plusieurs loups ont encore provoqué la mort de 39 moutons entre le 21 juillet et le 24 août», souligne-il.

M35, un mâle déjà présent dans la vallée haut-valaisanne en décembre 2012, a tué avant l'été 28 moutons en moins d'un mois. Aucune autorisation de tir n'a alors été délivrée car la plupart des ovins n'avaient pas été suffisamment protégés.

En mai, un deuxième loup mâle, M38, en provenance des Grisons, a tué une chevrette. Les députés du Haut-Valais, très remontés, ont fait part de leur ras-le-bol.

En juin, le Parlement valaisan a adopté une résolution urgente demandant que «le loup M35 soit supprimé sans délai. Le canton du Valais doit devenir une zone d'exclusion des loups, conformément à la requête des communes de Conches». Le Conseil d'Etat a affirmé partager les soucis des éleveurs et s'est engagé à intervenir «dans le cadre de la légalité».