soutien à Bruno Deffains

Il est 6h50. On sonne à votre domicile. Vous ouvrez, les policiers sont là. Un huissier vous met en demeure de laisser un expert informatique procéder à des recherches dans le disque dur de votre ordinateur. Vous avez alors le loisir de lire ce que l'on vous reproche : avoir publié dans la presse un article qui a déplu à une puissante société commerciale.

Vous ne rêvez pas, c'est ce qui est arrivé récemment à Bruno Deffains, professeur d'économie à l'Université Panthéon-Assas. Une requête auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris, visant au dépôt d'une plainte pour « dénigrement » a abouti à cette détestable matinée.

Le débat éclairé et loyal, l'argumentation fondée sur des faits établis et des théories étayées n'est pas seulement un exercice intellectuel. Il s’agit surtout d’un élément central du fonctionnement de toute démocratie. Il n'est pas nécessaire de partager les conclusions de l'étude de Bruno Deffains pour s'indigner des procédés intimidants dont on a fait usage à son endroit.

C’est sur le terrain scientifique que doit se placer la contestation de son travail. Cette règle, commune à toutes nos disciplines, est une pierre de touche de notre enseignement. L'Université s'enorgueillit d'avoir résisté aux pressions religieuses et politiques par le respect constant des libertés d'expression, d’enseignement et de recherche. Les poursuites judiciaires ne devraient être fondées que sur des abus graves et manifestes de ces libertés.

Nous apportons notre total soutien à Bruno Deffains. Au-delà de la sympathie pour notre collègue dans l'épreuve qu'il traverse, il en va du respect du principe de l’indépendance universitaire et de la liberté d'expression.